On peut toujours tenter de commenter ou contredire la vérité, mais les faits sont têtus.
Je me suis intéressé aux enseignements d’un « adepte » alchimiste et je me retrouve aujourd’hui confronté à une rhétorique de cour d’école ; que de chemin parcouru (!), et résolument pas dans le sens attendu. Pour rester positif, je dirais simplement que PB à su conserver sa verve d’enfant, depuis le « c’est celui qui dit qui y’est » jusqu’au « même pas cap de publier ma réponse », en passant par le « dare ta gueule à la récré »…
Patrick Burensteinas se trompe avec constance, tant sur mes motivations, ma démarche initiale, que sur le but de mon texte : il ne s’agit nullement d’une attaque personnelle gratuite, fomentée par un photographe rageur, mais d’un billet qui souligne au moins deux évidences que notre alchimiste peine à réaliser. La première est celle du conflit d’intérêt, la seconde celle de l’incohérence spirituelle.
Car si le fait d’être juge et parti est largement dénoncé en politique, l’enjeu me parait tout aussi crucial dans le domaine des religions ou du développement personnel. Or, c’est bien ce problème qui est posé lorsqu’un guide spirituel tire des subsides conséquents de son auditoire. En second lieu, est très vite apparu un décalage flagrant entre les propos alchimiques de Mr Burensteinas et ses réactions dans la vie courante ; cette dissonance n’aurait rien de bien originale s’il ne s’agissait pas d’une personne qui vend de la hauteur d’esprit et du développement de conscience.
Toute personne ayant entamée une démarche spirituelle sait que l’évolution de la conscience, et a fortiori l’éveil, change profondément non seulement la perception du monde, mais aussi notre attitude et de nos réactions au quotidien. Dans le cas de Patrick Burensteinas, il est très curieux de constater que la possession supposée de la pierre philosophale puisse cohabiter avec, entre autre, des réflexes d’agressivité ou de mépris de l’autre, et l’incapacité de tolérer la critique ou même la simple contradiction… l’art du monologue pose l’éloquence et le repli sur soi, celui du débat la tolérance et l’écoute.
Mon métier est d’observer ; j’y ai acquis une certaine expérience et un certain discernement ; cette observation passe par l’image bien entendu, mais aussi par le constat de ce que je perçois. La photographie a aussi d’autres vertus, dont celle de savoir se rapprocher ou au contraire s’extraire d’une scène pour pouvoir l’analyser. C’est à la fois une immersion dans l’univers de PB et ce recul sur les choses qui m’ont conduit à livrer mon point de vue sur le personnage public qu’il est aujourd’hui. Car c’est bien de la figure publique dont il s’agit, et à l’occasion de la représentation qu’elle fait de l’alchimie toute entière. Mon regard se veut informatif et artistique, libre à chacun d’y souscrire ou non.
Je comprends très bien que PB ait ressenti le besoin de répliquer à chaque phrase d’un texte qui ne lui convient pas : c’est ce que nous avons tous fait un soir dans notre tête, en tournant dans notre lit, confrontés à une situation qui nous blessait ou nous paraissait injuste. La salve de réponses nous libère alors de notre frustration et nous donne l’illusion d’avoir eu raison de l’ennemi. Il est fort triste de constater que PB n’a toujours pas réalisé qu’il n’y a de véritable ennemi qu’en soi, et que tout le reste n’est qu’un voile de l’ego.
Comme le dit si justement PB, une des toutes premières conditions d’accès à des plans supérieurs est de se défaire de son ego, ou plutôt d’y faire des trous ; mais le problème avec l’ego, c’est qu’il dispose d’un stock inépuisable de rustines qui se chargent de rendre plus épaisse encore la peau initiale. Faute d’une attention de tous les instants, ou en vertu d’un manque chronique d’humilité, l’illusion d’un ego vaincu peut alors se transformer rapidement chez certains en sentiment de toute puissance.
Patrick Burensteinas n’a rien d’un candidat particulièrement bankable au regard de mon métier : l’alchimie est encore une petite sphère d’initiés et touche peu de monde. Pour les grands médias cela relève souvent de la blague, voir de l’imposture, et seuls quelques titres ou émissions un peu décalées s’y intéressent ponctuellement (mais j’ai ouï dire que la dernière campagne de promo du livre de PB avait fait merveille, tant mieux pour lui). Le but initial de ce reportage était précisément de permettre à PB de parler d’alchimie dans la presse magazine grand public que je connais, mais l’intéressé s’est désisté.
Je ne tiens pas à entrer dans les détails sordides de ce désistement, je précise simplement avoir patienté toute l’année 2016 en attendant que le « maître » trouve quelques heures pour se prêter à une petite séance photo d’alchimie opérative qui a toujours été repoussée. Début 2017 j’ai fait mon deuil de ces images, informant Patrick que j’allais proposer le sujet en l’état et qu’il pourrait s’attendre à des demandes d’interview. Sans aucune explication, et avec un mépris déconcertant, il m’a envoyé paître sur le mode je te sonnerais si j’ai besoin de toi… Je découvre aujourd’hui que PB était en fait mu par une indignation à la fois déplacée et fantasmée sur un projet photo annexe (sur le thème des fées) dont j’avais parlé à sa compagne ; je passe sur l’interprétation très personnelle que PB à visiblement fait de ce thème où il n’était nullement question de postérieurs. Après avoir accepté le principe, Charlotte s’est ensuite rétractée, et je comprends mieux pourquoi.
Alors, pour ne pas que ce travail ce soit fait en pure perte, j’ai décidé de rédiger moi-même un texte accompagné de photos. Il a visiblement eu un certain retentissement, bien que diffusé à une modeste échelle, entraînant polémiques et commentaires de tous poils. De fait, je suis sans doute l’un des rares à dépeindre Patrick Burensteinas autrement qu’à travers l’unique prisme des louanges, et je conçois aisément qu’il n’y soit pas habitué.
Mon propos est d’éclairer une situation avec une approche journalistique, pas de jeter le bébé avec l’eau du bain ; PB conserve par ailleurs tous ses mérites et qualités que j’ai pu apprécier à plusieurs occasions. Il m’a initié à l’alchimie et je lui en suis très reconnaissant. Mais tous ce qui est dit dans mon article est factuel et vérifiable, l’unique ressenti personnel étant formulé sous forme de questions, pas d’affirmations. De plus, il n’échappera à personne que si le texte est critique les photos, elles, se veulent particulièrement « pro-Burensteinas » : l’équilibre est donc respecté.
En conclusion, je dirais simplement que cette petite querelle entre un alchimiste et un photographe n’a que peu d’importance. Si mes propos ont pu éclairer quelques-un, j’en suis ravi. Loin d’être un spécialiste en alchimie, je marche néanmoins sur mon propre chemin d’éveil depuis longtemps. J’ai appris depuis la publication de mon texte que bien d’autres voix raisonnaient en accord avec mon analyse ; il y a sans doute quelques raisons à cela.
Je souhaite néanmoins que Patrick B. retrouve un peu de sérénité et de mesure : lumière, unité, cœur…
NB : à signaler qu’une alchimiste ayant relayée ma modeste prose sur son compte Facebook, et ayant ainsi initié des dizaines de commentaires et des centaines de vues, s’est vu menacée par un/des individu(s) jusqu’à lui faire effacer sa publication. Pourtant peu encline à se laisser faire, elle a subit de telles pressions qu’elle a finit par obtempérer… On ne saurait l’en blâmer, mais cela met, en revanche, en lumière les méthodes de petits mafieux que peut employer la mouvance du « Maitre »…!
(2017)