Montréal est une ville qui regorge de chefs-d’Å“uvre et de pièces uniques d’architecture, contemporaine ou non. L’arrivée du 380e anniversaire de Montréal, en 2022, réussira-t-elle à donner le momentum nécessaire à la préservation et à la redécouverte de ce riche héritage ? L’occasion, depuis dix ans, du lancement de nombreux grands projets urbains ; Il n’y a jamais eu autant de grues dans le ciel de la ville !
Au centre-ville, le panorama architectural se présente comme une mosaïque de courants et de styles. Les édifices commerciaux côtoient les immeubles résidentiels ; les bâtiments anciens jouxtent les structures nouvelles ; et les constructions classiques avoisinent les créations novatrices…
Rien qu’à l’oreille, il est aisé de constater que Montréal, treizième agglomération la plus peuplée d’Amérique du Nord et la plus européenne des villes d’Amérique du Nord, est à cheval sur les deux continents. Les cinéastes l’ont bien compris ; la ville sert régulièrement de décor à des films hollywoodiens censés se dérouler de l’autre côté de l’océan Atlantique, comme l’Etrange Histoire de Benjamin Button, de David Fincher.
Dans les rues situées à l’est de la rue Saint-Laurent, le français est roi tandis qu’à l’ouest, l’anglais a pignon sur rue. A observer le skyline de la ville depuis les îles qui font face au Vieux-Port, les tours de l’église XVIIIe tentent en effet de rivaliser sans succès avec les gratte-ciel des années 60 et 70, tandis que les petits immeubles résistent tant bien que mal aux balafres laissées par l’architecture moderniste. Fondée au XVIIe siècle, la ville a été érigée selon un plan hippodamien. En raison des différentes vagues d’immigration, son architecture est désormais des plus éclectiques. Le néogothique côtoie sans complexe les maisons victoriennes du Plateau-Mont-royal, non loin de constructions baroques ou classiques…C’est cet amalgame de styles architecturaux qui font ensemble aujourd’hui l’identité de Montréal, la pierre grise typique de la ville donnant une certaine harmonie de couleur.
Malgré son statut de deuxième ville du Canada (après Toronto), Montréal n’est pas un terrain d’expression des architectes internationaux. Pourtant, Le maire Jean Drapeau (élu de 1954 à 1957 puis de 1960 jusqu’en 1986) a fait preuve d’une grande ambition architecturale pour la ville avec l’organisation de l’exposition Universelle de 1967 ; quelques symboles de cette heure de gloire subsistent comme la Biosphère, œuvre de Richard Buckminster Fuller pour le Pavillon des Etats-Unis.
En tant que l’un des plus anciens établissements européens en Amérique du Nord, Montréal conserve la trace d’un passé d’abord français, dont l’architecture vernaculaire s’est solidement implantée avant la révolution industrielle. À compter du XIXe siècle, l’influence britannique est omniprésente, influence qui devient plus américaine au XXe siècle. La diversité des styles remonte à 1685 et se poursuit jusqu’au XXIe siècle dans cette ville qui mesure parfaitement l’importance de son patrimoine bâti. Avec la construction de la Place Ville-Marie, du métro, la tenue de l’Exposition universelle de 1967 et des Jeux olympiques d’été de 1976, Montréal adopte le style international. L’empreinte indélébile de la Nouvelle-France y côtoie harmonieusement les constructions ultramodernes, et il n’est pas étonnant que Montréal ait été nommée ville UNESCO de design en 2006, une première en Amérique du Nord.
Les quatre grandes universités montréalaises offrent des programmes d’études supérieures en architecture, en design intérieur et industriel et en urbanisme. Parallèlement, le Centre canadien d’architecture s’est taillé une réputation internationale et poursuit sa mission visant à faire avancer les connaissances et à stimuler les débats sur l’architecture, son histoire, sa théorie et sa pratique. Aussi le domaine est-il plus vivant que jamais à Montréal.
La jeune architecture montréalaise est dynamique, à l’image de l’agence ACDF, en plus du nouveau casino de l’ouest canadien dans la banlieue de Vancouver, elle vient de remporter un concours hôtelier à Cuba, tandis que le territoire d’expérimentation de la jeune agence MU architecture s’étend de Québec à la Floride, du Népal au Emirats arabes unis, après seulement six ans d’existence…