Bien que le Kenya soit avant tout une aire de safaris photographiques, dont lions et gnous sont les vedettes, la dimension humaine et ethnique n’en est pas moins intéressante. Incursion en territoire Masai…
C’est au cours d’une étape kenyane, avant de rejoindre l’île de Mayotte, que j’ai posé le pied sur le sol africain pour la première fois. Trois jours sur place depuis Nairobi pour découvrir les grands espaces sauvages du sud-ouest, à la frontière Tanzanienne. Quatre heures de piste plus tard, j’entrais dans le fameux parc national du Masai Mara, ceinturé d’une clôture digne de Jurassic World. C’est assez particulier d’entrer dans le film «pour de vrai» lorsque la série Daktari a trotté dans votre imaginaire toute votre enfance…
Le Kenya offre certes tous les paysages typiques de la savane, avec ses grands troupeaux d’herbivores, l’odeur tiède des herbes sèches et un soleil de plomb, mais l’histoire ne raconte pas les hordes de 4×4 en file indienne, en quête du fameux big five (lion, éléphant, léopard, rhino, buffle). Déroutant manège englué de fumées d’échappement, de cliquetis de boîtiers à 5000 euros, et de bobs vissés sur des têtes pâles… Il faut dire que dans les parcs il est interdit de sortir des pistes ou même de quitter le véhicule tout court ; l’afflux de touristes en haute saison multiplie les voitures qui n’ont d’autre choix que de suivre le troupeau, humain celui-ci. Comme tout le monde, j’ai fait mes photos de zèbres assis sur mon siège, de girafes et autres gnous, en espérant secrètement croiser le regard d’un lion (ce qui a fini par arriver) qui m’aurait donné l’illusion de vivre dangereusement. Approche qui me projetait davantage dans mes souvenirs du zoo de Thoiry que dans Out of Africa…
Mais dites-moi, dans Masai Mara il y a Masai ! Où étaient donc ces fameux guerriers graciles dont on dit que les enfants devaient tuer un lion pour devenir adultes? Renseignements pris, un village proche accueillait sur demande des groupes de touristes, histoire de leur vendre quelques objets artisanaux et fraterniser avec les blancs. Il existe plus de quarante ethnies au Kenya et les Masai sont eux-mêmes divisés en cinq groupes. Ils sont avant tout éleveurs de bovins et de plus en plus sédentaires, territoire imposé oblige. Le village que je découvrais avait l’air tout à fait authentique et comptait quelques cases organisées en cercle autour d’un espace ouvert. Chacun avait revêtu ses plusbeaux atours et se préparait à nous faire une démonstration de chants et danses traditionnelles. Touristique ou pas, ce contexte était fascinant et bien plus dépaysant que mon expérience animalière. Tout y était photogénique. Les Masais sont d’une redoutable élégance, enveloppés d’une aura romancée, mais pas seulement. Leur lien à la terre, cette connivence avec la nature que nous avons oubliée les rend particulièrement magnétiques.