Récemment goudronnée sur toute sa longueur, la RN4 reste avant tout une artère de circulation commerciale. Une dizaine d’heures en taxi brousse sont nécessaires pour gagner le port de Majunga, depuis la capital Tananarive. En chemin, de longues plaines plus ou moins désertiques, des hauts plateaux escarpés, quelques rizières, des rivières souvent asséchées, une ribambelle de feux de brousses… et des villages improbables animés de marchés, micro-hôtels et d’échoppes miséreuses mais colorées. Un petit monde en soi, tout entier tourné vers le cortège motorisé qui anime l’asphalte.
Les journaux relatent régulièrement des faits divers peu rassurants, de véhicules attaqués et de voyageurs dépouillés par des bandits de grands chemins qui voient la une manne inespérée dans ces campagnes sans ressources.
La RN4 est un concentré de toute la société malgache et ses problèmes : pauvreté, désertification, manque d’eau, quête éternelle du charbon de bois, criminalité, perte des cultures vivrières ancestrales, miroir aux alouette des villes… une société livrée à elle même que le gouvernement en place n’aide plus, un peuple soumis, peut être… encore souriant et solidaire, toujours. A une extrémité « Tana » la capitale étrange de contrastes, de misères et de pollution, à l’autre Majunga qui ferait presque figure de paisible bourgade tournée vers la mer, deux façons radicalement différentes de vivre à Madagascar.
J’ai fait ce voyage, d’une traite en minibus, glanant ça et la quelques images au grés des pauses pipi, avec mon profil de « vasa » (les blancs pour les malgaches) qui fait des photos ; des rencontres éphémères, fugaces, des regards qui se croisent ou des enfantsqui sollicitent un portrait… chronique ordinaire d’un peuple en survie permanente et qu’une simple route irrigue de quelques précieux ariary (devise malgache).
